Comme je vous l'expliquais dans ma présentation ici, j'ai commencé à lire très tôt et suis rapidement devenu bibliovore. C'est en CM2 que j'ai commencé à écrire grâce aux ateliers d'écriture de mon instituteur.
Résultat, au collège j'adorais les rédactions et les rédigeais toujours avec beaucoup de plaisir. Alors quel bonheur quand ma prof de français de 5ème énonça le sujet de la prochaine : "écrire le début d'un roman policier" !
Tout de suite, j'ai eu plein d'idées en tête. Je raconterai la découverte du corps d'une jeune aristocrate anglaise lors d'une chasse à courre. Accident ou meurtre ? Pour le choix des noms de mes personnages, je sortis ma mappemonde et furetai parmi les îles anglo-saxonnes... J'écrivis, relus, fis relire pour chasser les erreurs orthographiques, partageais avec ma meilleure amie aussi grande lectrice que moi et qui mettait dans ce sujet tout autant de cœur que moi... Bref, je travaillais d'arrache-pied !
Quand vint le moment pour cette prof de rendre les copies, mon amie et moi dûmes nous absenter (nous faisions partie du club théâtre et devions régler un dernier détail de costumes avant la représentation...). Lorsque nous réapparûmes dans la classe, tout le monde nous regardait bizarrement... Et pour cause ! Pendant notre absence, notre chère professeur (qui ne nous aimait guère, sûrement car nous étions un peu bavardes...) nous avait accusé de plagiat ! Visiblement, nos textes étaient trop aboutis pour ceux d'élèves de 5ème - et ils l'étaient sûrement puisque nous lisions beaucoup plus que la moyenne et avions beaucoup donné ! - donc nous ne pouvions en être les auteurs. Nous avions forcément triché.
Vous imaginez, je suppose, le sentiment d'injustice qui nous envahit alors.
Tandis que nous tentions de nous défendre en assurant à cette femme que nous n'avions pas copié, elle nous répondit avec beaucoup de dédain :
"Alors vous devriez être écrivains !"
Quelque part, c'est peut-être aussi un peu grâce à cette enseignante et à sa remarque acerbe que j'ai eu la ténacité d'aller au bout de l'écriture de mon roman de fantasy.
Lorsque j'ai déménagé la maison de mon enfance, je suis retombée sur cette copie et l'ai relue. Certes, c'était sûrement de meilleure qualité que ce que les autres élèves de ma classe avaient produit mais de là à croire que cela venait d'un livre... On sentait un brin d'enfance dans la tournure de mes phrases.
J'ai cherché récemment ce texte mais ne l'ai pas retrouvé, perdu sûrement entre l'emballage et le déballage des cartons...
Quel souvenir que cet épisode qui t'a beaucoup marquée et blessée à juste titre.
RépondreSupprimerTu as raison d'en faire quelque chose de positif en rebondissant et en devenant cet écrivain qui est en toi depuis si longtemps.
Je suis fière de toi ma fille :-)
Souvent les injustices renforcent même si ça prend du temps.
RépondreSupprimerC'est très beau de l'expliquer comme ça et d'en parler libère certainement encore plus.
Je comprends que Sylvie soit fière de sa fille.
Belle soirée
Merci Mireille, c'est vrai que cette injustice a eu son rôle...
SupprimerUn sentiment d'injustice qui a permis un rebondissement salutaire. L'exprimer ainsi permet de se libérer.
RépondreSupprimerSylvie est fière de sa fille et elle a de quoi l'affirmer.
Bonne continuation à vous deux !
Merci Alrisha/Monique !
SupprimerVoilà bien la mesquinerie du prof de Lettres moyen !
RépondreSupprimerJe crois la voir et l'entendre, j'en ai rencontré des dizaines du même calibre dans ma carrière..."Robe à fleurs et mise en plis" disait mon fils, qui en a eu une sur le même modèle...
Il semblerait que les jeunes collègues soient moins cons !
Croisons les doigts ! ;)
SupprimerEh bien, tu l'es maintenant, c'est chouette ! :)
RépondreSupprimer:D Selon certaines définitions, l'écrivain est celui qui vit de sa plume contrairement à un "simple" auteur. Si on se base sur cette vision des choses, j'ai encore de la marge ! ;)
SupprimerMoi j'ai eu un autre genre de professeur... Je me rappelle d'un devoir où il nous avait demandé de rédiger uniquement des introductions et des conclusions... Je m'étais régalée et il a lu ma copie devant toute la classe... Il s'appelait M. Cheminat et ses encouragements chaleureux m'ont aidée à me dépasser... ♥
RépondreSupprimerJe regrette que tu aies dû vivre ce mauvais moment, c'est vraiment dommage que l'enseignante ne soit pas partie du postulat inverse et ne vous ait pas encouragées...
Moi j'ai parfois eu un doute sur les productions de certains élèves mais je préfère leur laisser le bénéfice du doute et je les félicite chaudement pour celles-ci lorsqu'elles sont de qualité... Une fois, un élève est venu me voir en fin d'heure et m'a avoué que ce n'était pas de lui et qu'il se sentait trop mal que je l'aie autant félicité... :-p
Heureusement que j'ai croisé également des professeurs de français qui ont su nourrir encore plus mon amour de la lecture et de l'écriture ! Je pense notamment à Mme Veillard (si un jour vous passez par ici...).
SupprimerLa réaction de ton élève ne m'étonne pas, l'être humain lambda a beaucoup de mal à supporter l'injustice, il me semble, même en sa faveur. ;)