Aujourd'hui, je vous propose l'interview de Juliette Pinoteau, artiste et auteur(e)-dessinatrice de bandes-dessinées !
Place à l'art !
Tu es artiste et auteur de bandes-dessinées. Comment es-tu entrée dans l'art ? Plutôt formation classique ou autodidacte ? Quelles techniques et/ou approches utilises-tu ?
Ma mère était professeur d'arts plastiques et artiste (ainsi que ma grand-mère paternelle) et m'a emmenée voir très jeune des musées et des expositions. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui ont une très bonne culture artistique, musicale, littéraire et cinématographique, alors j'ai toujours baigné dans cette ambiance-là. Pourtant je ne pensais pas en faire mon métier. Je voulais que le dessin reste une passion. J'ai voulu être archéologue, paléontologue ou reporter animalier, et finalement le dessin a pris le dessus. J'ai fait mes études à l'école Pivaut à Nantes pendant trois ans, en y étudiant particulièrement la bande dessinée.
J'aime bien toucher à tout, j'ai l'impression de ne pas avoir de technique particulière. J'aime bien chercher, explorer. C'est pour cela que j'aime aussi « bricoler » et pas seulement dessiner. Mais apparemment, même en tentant de faire des choses très différentes, les gens reconnaissent toujours mon travail. Ça m'étonne toujours un peu, mais je crois que c'est positif finalement.
Sur ton île imaginaire de Pharendole, tu files une métaphore bien particulière... Peux-tu nous l'expliquer un peu ?
Au départ, « Pharendole » c'est juste un jeu de mot, comme ça, à la « va-vite », pas trop réfléchi. C'est par rapport à la bande dessinée que je réalisais lors de ma dernière année à l'école. Je faisais une BD sur le cirque. Comme tous mes amis avaient un blog où ils y postaient leurs dessins (je me suis mise à internet et à l'ordinateur très tard), j'ai cherché un nom de blog, « farandole » était déjà pris, ce qui tombait bien car j'ai pu faire ce jeu de mot avec le « phare ». L'amour du cirque et de la mer, ça me correspondait très bien.
Petit à petit j'ai eu l'impression que « Pharendole » est devenue la métaphore parfaite de l'art et du rôle de l'artiste : éclairer. D'ailleurs le mot « illustrer » ne vient-il pas du latin « illustrare » qui signifie « éclairer » ?... Et puis l'auteur, l'illustrateur, est un peu comme un gardien de phare : c'est un métier solitaire, un peu coupé du monde, où on ne se met pas en avant, par contre, grâce à lui, tout le monde peut voir la lumière qui farandole dans la nuit. Avec un peu d'espoir d'avoir un métier aussi utile que celui d'un gardien de phare : que ce qu'on expulse de nous même puisse éclairer et sauver (ou du moins aider) des gens, d'une certaine façon.
Actuellement Pharendole est devenu aussi le symbole d'une lutte. Après l'annonce de mon cancer à l'âge de 28 ans, j'ai imaginé que l'île et son phare se faisaient attaquer par un crabe mécanique gigantesque. Cette métaphore sera le sujet d'une histoire en deux tomes sur laquelle je travaille en ce moment.
Tu crées aussi des objets dont les rouages dégagent parfois une forte ambiance steampunk. Quelles sont tes sources d'inspiration ?
Oui ! Et pourtant j'ai connu le terme « steampunk » et cette mode assez récemment. J'ai toujours aimé les mécanismes des horloges. Après, comme tous les gens de ma génération, je pense avoir été influencée inconsciemment par les films qu'on a pu voir dans notre jeunesse (Retour vers le futur, Les temps modernes, les films de Georges Méliès, etc.). Un ami m'a dit une fois que j'étais un mélange de Michel Gondry et de Jules Verne. Ça m'a plutôt flattée ! Je pense avoir un tas d'inspirations et d'influences, et tout ça se mélange. J'ai lu récemment dans la préface d'une BD une phrase de l'auteur Manchette qui disait : « L'imagination, pour moi, n'est qu'une réaction à une référence donnée » . Je trouve ça assez vrai. Bizarrement, enfant, je lisais surtout les Gotlib, Bretecher ou Reiser... donc plutôt éloigné de mon univers graphique, quoique je reste très proche de leur humour. Mais je pense que dans les rouages et les mécanismes doivent se trouver là aussi des métaphores... celles d'un certain processus créatif sans nul doute.
Et puis esthétiquement, je trouve ça beau. Par contre ils sont parfois disposés n'importe comment et sont complètement inutiles ! Mais je trouve ça drôle justement, et en plus ça énerve certaines personnes, ce que je trouve encore plus drôle.
Tu as aussi participé à un film en tant qu'actrice. Accepterais-tu de nous parler de cette expérience ?
Le film s'appelle « J'demande pas la lune, juste quelques étoiles ». Y participer était une expérience très intéressante, mais aussi très éprouvante. Je n'ai jamais pris de cours de théâtre et n'ai jamais eu aucune expérience de la comédie, à part faire des sortes de sketchs avec mon grand frère quand on étaient plus jeunes, pour s'amuser, entre nous. J'ai toujours rêvé de travailler pour le cinema. Réaliser des dessins pour un film de science-fiction doit être passionnant. J'avais même envisagé à une époque de travailler dans le cinéma pour faire des effets spéciaux. Mais plutôt de la « vieille école », pas de la 3D, je pense plutôt à des bricolages à la RayHarryhausen... Et même réaliser des films, ça m'intéressait beaucoup (c'est toujours le cas) j'ai réalisé des mini courts métrages, mais ça compte pour du beurre. Bref, faire n'importe quoi derrière une caméra, j'étais/je suis partante ! Le réalisateur et artiste, Robert Coudray, un ami (qui était aussi à l'époque mon propriétaire), m'avait demandé de jouer dans son film. Au départ j'étais vraiment réticente, et puis j'ai fini par accepter. Résultat : je ne me supporte pas dans le film ! ^^ C'est très dur de se voir, surtout que j'ai eu le cancer pendant le tournage, alors les derniers moments étaient plus éprouvants et épuisants qu'autre chose. Je me suis beaucoup investie, j'ai fait beaucoup de dessins, de bricolages, même si la plupart n'apparaissent pas dans le film (je pense notamment au design de costumes qui n'ont finalement pas servi, ou à des dessins pour un livre géant qu'on voit à peine, ou pour d'autres scènes qui ont été supprimées mais ça, dans le cinéma, c'est souvent le cas !).
oeuvres réalisées pour le film
"Lenfantdanslabouteille"
Storyboards
Mais il y a aussi des passages où on me voit dessiner, donc c'est chouette. En tout cas cela m'a prit énormément de temps et d'énergie, ce que je n'avais pas. Il faut dire que c'est assez rare un film où les acteurs sont « multifonctions », où, en plus de jouer, ils participent aux décors et à la mise en place des tournages. Tout le monde s'investissait et mettait la main à la pâte. Mais je ne regrette pas du tout car c'était vraiment une bonne expérience et j'ai de très beaux souvenirs et fais de belles rencontres. Pour en savoir plus sur l'histoire du film (autant le scénario que l'histoire du tournage), je vous invite à aller sur le site du « Poète Ferrailleur » (alias Robert Coudray, le réalisateur).
Un grand merci d'avoir accepté cette interview Juliette ! À bientôt !
Les blogs de Juliette : Pharendole ; Juliette Pinoteau
Sa page Facebook : Juliette Pinoteau
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Sa page Facebook : Juliette Pinoteau
un très beau portrait
RépondreSupprimerMerci d'être venu découvrir cette interview et merci aussi pour le commentaire ! :)
SupprimerJe découvre par hasard cette interview de Juliette, avec grand plaisir !
RépondreSupprimerJuliette, qui est et restera toujours elle-même, c'est comme ça qu'on l'aime !
Bertrand (l'auteur des photos dans l'article) ☺